L’infertilité affecte un nombre grandissant de couples à travers le monde; au Canada, un couple sur six en est touché. Et malgré tous les tests effectués pour trouver une cause, 10 % d’entre eux reçoivent un diagnostic d’infertilité inexpliquée.
Tel est le défi que s’est lancé Greg FitzHarris, professeur agrégé au Département d’obstétrique-gynécologie et chercheur au Centre de recherche du CHUM : lever le voile sur les mécanismes qui contribuent au faible taux de succès des grossesses en cliniques de fertilité.
Originaire du nord de l’Angleterre, le chercheur œuvre plus précisément à comprendre la base cellulaire de l’infertilité en élucidant la façon dont sont fabriqués les ovocytes (les cellules reproductrices féminines) et les embryons sains. Son équipe et lui se spécialisent dans l’imagerie des cellules vivantes et les approches de la biologie cellulaire.
Tout d’abord captivé par la médecine, monsieur FitzHarris développe rapidement une passion pour la recherche et décide plutôt d’entreprendre un baccalauréat et un doctorat en physiologie à l’University College de Londres (UCL). Dès lors, il s’intéresse à la biologie cellulaire des ovocytes, sachant que pour de nombreuses femmes la difficulté à concevoir y est liée.
« Je suis un scientifique fondamental : je veux vraiment comprendre comment l’œuf fonctionne et pourquoi certaines femmes ont des problèmes à générer les ovocytes capables de faire un embryon sain. »
Depuis leur arrivée au CRCHUM, les membres de ce laboratoire initialement basé à Londres se concentrent maintenant sur le vieillissement et la stérilité liée à l’âge. « Quand je suis né, dans les années 70, l’âge moyen des couples lors de la naissance de leur premier enfant était de 25 ans au Canada, alors qu’il est maintenant de plus de 30 ans. Cette différence de cinq ans est énorme parce que, sur le plan statistique, ils vont lutter davantage pour concevoir. D’ailleurs, c’est une des raisons pour lesquelles les cliniques de fertilité sont devenues des industries extrêmement populaires. »
Leur objectif ultime est ainsi d’aider les femmes âgées ou non à améliorer leurs chances de tomber enceintes lorsqu’elles font appel à des cliniques de fertilité. Concrètement, pour ce faire, ils étudient notamment l’aneuploïdie, soit lorsque les embryons générés lors de traitements de fertilité par fécondation in vitro présentent un nombre anormal de chromosomes.
« On ne comprend encore pas tout à fait pourquoi la ségrégation des chromosomes se passe souvent mal dans les ovocytes. C’est pourquoi nous nous concentrons en particulier sur la manière dont ces défauts de ségrégation peuvent provoquer la stérilité et sur les raisons de cette situation. »
Au final, en travaillant sur la réduction du nombre de défauts dans les embryons, Greg FitzHarris cherche à développer des techniques pour aider les cliniques à sélectionner les meilleurs embryons. « Dans les cliniques de fertilité, c’est le moment clé : lorsqu’ils doivent choisir quel embryon à transférer à la femme, à partir des ovules qu’elle produit. »
Monsieur FitzHarris insiste toutefois sur la très grande prudence à observer dans ce genre de recherche. « Il est très important de penser notre recherche éthiquement. Lorsque nous étudions les œufs, nous prenons seulement ceux qui sont inutiles à la femme, mais parfaits pour la recherche. Nous tenons à ce que les femmes aient toutes les chances de tomber enceintes, et nous ne voudrions pas utiliser de cellules qui diminueraient ces chances. Aussi, pour ceux qui ont des mots en tête comme « génétiquement modifié » ou « eugénisme », rassurez-vous nous ne faisons rien de bizarre aux embryons [rires]. Nous ne les transférons pas à la femme, notre recherche est d’abord fondamentale. »
Novembre 2020
Rédaction : Béatrice St-Cyr-Leroux