Télétravail, distanciation physique, port du masque, voilà autant de mesures sanitaires qui s’avèrent efficaces pour limiter la propagation du coronavirus. Mais serait-ce possible qu’elles constituent également des entraves à la communication des personnes présentant une déficience auditive?
C’est la question à laquelle souhaite répondre Adriana Lacerda, professeure à l’École d’orthophonie et d’audiologie et chercheuse au Centre de recherche de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal, dans le cadre d’un projet de recherche qu’elle lance en collaboration avec Audition Québec.
« Au Québec, plus de 840 000 personnes sont atteintes de surdité, précise madame Lacerda. Ces personnes, qu’elles utilisent ou non des appareils auditifs, adoptent généralement diverses stratégies afin de favoriser la compréhension de la parole et la communication. Par exemple, la lecture sur les lèvres permet une intégration visuelle de la production des sons de la parole. Or, certaines mesures de protection contre la COVID-19 pourraient avoir un impact négatif sur la communication de cette population. »
Madame Lacerda explique notamment que le port du masque et l’utilisation de plateformes virtuelles pourraient cacher les lèvres ou nuire à la compréhension optimale de la voix de l’interlocuteur, ce qui serait susceptible « d’affecter le fonctionnement et l’intégration sociale et professionnelle des personnes malentendantes ».
Via un questionnaire en ligne, l’équipe de recherche souhaite recueillir de l’information sur les difficultés de communication causées par les mesures de protection contre la COVID-19, leurs effets psychosociaux, ainsi que les stratégies utilisées pour pallier les difficultés de communication.
Ces informations seront obtenues pour différentes sphères de la vie quotidienne, telles que la communication dans un contexte de soins de santé, dans les commerces ou lors de l’utilisation des technologies de communication à distance.
Une problématique méconnue du grand public
Outre leur désir de colliger des données qualitatives, madame Lacerda et son équipe souhaitent sensibiliser le public et les instances politiques à la réalité des personnes malentendantes. À ce chapitre, madame Lacerda rappelle que cette population est confrontée à de grands défis de communication au quotidien; barrières qui les empêchent d’être complètement inclus dans leur environnement social et professionnel.
« Nous avons reçu plusieurs témoignages de personnes atteintes de surdité lors de cette crise sanitaire, mais il manque actuellement des données scientifiques qui évaluent clairement les impacts. Nous croyons que ce projet permettra ultimement d’améliorer l’inclusion sociale et la qualité de vie de cette population en temps de pandémie. »
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Vous souhaitez participer à l’étude?
L’équipe est présentement à la recherche d’individus âgés de 18 ans ou plus et souhaitant répondre à un questionnaire portant sur les mesures de prévention de la COVID-19 (télétravail, distanciation physique, port d’un masque ou d’un couvre-visage, etc.).
Ils recherchent des personnes :
- Sans perte auditive (groupe contrôle)
- Avec une perte auditive diagnostiquée
- Qui ont un proche immédiat atteint de perte auditive
- Qui exercent leur métier auprès de personnes ayant une déficience auditive (professionnels de la santé et des services sociaux)
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Rédaction : Béatrice St-Cyr-Leroux