Chers collègues,
C’est avec un doux mélange de fierté, d’excitation et nostalgie que je m’adresse à vous afin de conclure ce rite de passage qu’a été la résidence.
Il y a quelques années, nous avons tous vécu ce jour où un algorithme un peu obscur est venu déterminer notre avenir en tant que médecin. Nous étions loin de nous douter de ce qui nous attendait. L’externat a été le moment des premières fois pour plusieurs d’entre nous. Premier patient, première technique, première erreur, premier être humain qu’on a vu naître sous nos yeux, premier décès…
La résidence, c’est une toute autre histoire.
Outre les apprentissages cliniques qui nous ont forgés en tant que spécialistes, la résidence aura été un moment où nous avons appris énormément sur la personne que nous sommes. Nous y avons découvert que nous pouvions repousser nos limites, mais peut-être nous y sommes butés pour la première fois de notre vie. Nous avons appris la fatigue, tenté de l’apprivoiser, peut-être perdu une manche dans la bataille, mais nous nous sommes relevés.
Nous avons appris l’impuissance…lorsque malgré tous nos moyens, tous nos efforts, tout l’espoir que nous y avons mis, la maladie a été plus forte. Nous y avons appris l’humilité, pour toutes ces fois où nous nous sommes butés aux limites de nos connaissances, et les autres où nous espérions tellement se tromper. Nous y avons découvert le courage, celui d’être la voix de ceux qui n’en n’ont pas, ou celui d’oser sortir des sentiers battus. Nous y avons découvert la douceur, ou comment rendre plus humain ce milieu parfois hostile où les pires craintes d’autrui peuvent se réaliser. Surtout, nous y avons découvert la résilience, cette capacité de continuer à mettre un pied devant l’autre malgré les embûches, malgré la fatigue, la tête haute.
À nous tous, je nous souhaite de continuer à apprendre. Apprendre de nos patients, apprendre de nos erreurs, apprendre à être la meilleure version de nous-mêmes. Je nous souhaite de peut-être enfin trouver l’équilibre que nous avons tant cherché durant toutes ces années. De pouvoir reprendre certains projets où nous les avons laissés, ou de se lancer dans de nouvelles aventures. Je nous souhaite de continuer à être unis, se tenir les coudes pour redorer l’image de cette profession pour laquelle nous avons travaillé si fort. Je nous souhaite de ne jamais oublier l’émerveillement des premières fois, et de savoir le retrouver dans notre train-train quotidien.
Surtout, prenez soin de vous…Nous le devons à tous nos proches, nos supporteurs de la première heure, ces personnes qui ont probablement aussi fait plusieurs sacrifices pour que nous puissions être rendus ici avec ce diplôme en poche. Ces personnes, nous leur devons une gratitude infinie. Ils étaient aux premières loges lors de nos meilleurs comme nos pires moments. Ils ont été patients, ont joué auprès de nous le rôle de cuisinier, femme ou homme de ménage, infirmière, psychologue, gestionnaire de vie et j’en passe…
Merci à nos professeurs et directeurs de programmes d’avoir cru en nous, de nous avoir transmis votre savoir et votre passion. Merci à nos modèles de rôles, on retrouvera un petit peu de vous disséminés aux quatre coins de la province.
Finalement, à vous chers collègues, que j’ai eu la chance de côtoyer durant ces quatre années, merci. Vous m’avez offert l’apprentissage le plus important; ensemble on se rend beaucoup plus loin qu’en travaillant seul, et nous avons tout à gagner de se créer un milieu de travail où l’amitié peut côtoyer la collégialité et où nous pouvons continuer à grandir en tant que professionnel.
Par ailleurs, nous faisons maintenant partie du Réseau des diplômés de l’Université de Montréal, qui compte plus de 400 000 membres.
À nous, à tous, bon succès, et prenez soin de vous!
Cloé Rochefort-Beaudoin
Pédiatrie générale promotion 2019