La Dre Marie-Hélène Mayrand a d’abord et avant tout choisi la médecine parce qu’elle voulait aider les gens. « J’aimais l’idée d’avoir une influence positive sur la société et j’avais l’impression que j’étais capable de le faire, raconte celle qui pratique la gynécologie à l’Hôpital Saint-Luc et agit comme chercheuse pour le Centre de recherche du CHUM. Mais avec le recul, je me rends compte qu’à 18 ans, je ne savais pas vraiment ce que ça voulait dire. Maintenant, je sais qu’être médecin, c’est plus qu’identifier un problème et le régler. Prendre le temps d’écouter les patients et de leur expliquer les choses, c’est au moins aussi important que de trouver et de traiter leur maladie. »
Si la Dre Mayrand apprécie particulièrement le côté humain du travail clinique, elle a trouvé dans la recherche un moyen de continuer à venir en aide aux gens tout en assouvissant sa soif de connaissances. « Quand ça fait 10 ans qu’un médecin pratique, il connaît bien les pathologies communes propres à sa spécialité et ses facultés intellectuelles sont donc moins sollicitées qu’au début, indique la médecin, qui détient également une maîtrise en sciences biomédicales de l’Université de Montréal et un doctorat en épidémiologie de l’Universié McGill. Pour moi, devenir chercheuse, ç’a été l’occasion de renouer avec le plaisir de chercher et de comprendre, mais aussi de participer à l’amélioration des soins pour que, dans 50 ans, les malades soient encore mieux soignés que maintenant. »
Spécialisée dans le cancer du col utérin et le virus du papillome humain (VPH) qui en est la cause, la Dre Marie-Hélène Mayrand mène plusieurs projets de front sur cette question, dont une étude pancanadienne qu’elle a mise sur pied et à laquelle participent 13 équipes d’un océan à l’autre. « L’objectif de cette étude est de déterminer le meilleur suivi pour détecter l’échec du traitement chez les patientes atteintes d’un précancer, explique celle qui enseigne aux Départements d’obstétrique-gynécologie ainsi que de médecine sociale et préventive à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. Le dépistage du cancer du col utérin est le dépistage le plus efficace de l’histoire de la médecine. La plupart du temps, il permet de découvrir des précancers qui sont ensuite traités sans problème. Mais pour une minorité de femmes, cela ne fonctionne pas. Nous tentons donc de savoir s’il n’y a pas une façon de prédire, d’une certaine manière, qui nécessitera un suivi plus poussé sans avoir à faire subir des tests à plein de femmes qui n’en ont pas besoin. »
Pour moi, devenir chercheuse, ç’a été l’occasion de renouer avec le plaisir de chercher et de comprendre, mais aussi de participer à l’amélioration des soins pour que, dans 50 ans, les malades soient encore mieux soignés que maintenant.
La chercheuse travaille également sur un autre projet en collaboration avec le National Cancer Institute des États‑Unis portant cette fois sur le rapport entre l’âge et le risque de développer un précancer du col utérin. « Beaucoup d’études ont montré que les femmes étaient plus susceptibles d’avoir un précancer que les plus jeunes et ont mis cette situation sur le compte de la sénescence, sur le fait que le système immunitaire s’affaiblit en vieillissant, affirme la Dre Mayrand. Mes collègues et moi trouvions que cette explication avait plus ou moins de sens parce que la sénescence est plutôt associée aux gens de 70 ou 80 ans. Nous avons donc décidé d’essayer de voir si certains facteurs pouvaient donner faussement l’impression que les femmes dans la trentaine et la quarantaine sont plus à risque. »
La Dre Marie-Hélène Mayrand a aussi récemment lancé une étude de concert avec le ministère de la Santé et des Services sociaux dans le but de déterminer l’utilité d’administrer aux jeunes Québécoises une dose de rappel dans le cadre du programme gouvernemental de vaccination contre le VPH. « Dans le cadre du programme québécois, les élèves de quatrième année ont reçu deux doses et celles de troisième secondaire en ont reçu trois. Nous voulons savoir s’il est nécessaire de donner une dose de rappel aux plus jeunes cinq ans plus tard. »
Lorsqu’on demande à la Dre Mayrand si elle a le temps d’avoir des loisirs en dépit de ses activités de médecin, chercheuse et professeure, elle commence par parler de voyage en famille avec ses trois enfants, de lecture et de cinéma avant de prendre une pause et de réfléchir. « En fait, je ne suis pas le genre de personne qui a besoin de fermer son téléphone et sa boîte de courriels à 17 h afin de passer les huit prochaines heures à penser à autre chose que le boulot, finit-elle par déclarer. Peut-être que je suis capable de recharger mes batteries plus rapidement que d’autres, mais je crois que c’est surtout parce que j’adore vraiment ce que je fais. »
Avil 2014
Rédaction : Annik Chainey