Son histoire est foisonnante et son parcours inédit. Née de la fusion de deux entités rivales à Montréal, la Faculté de médecine de l’UdeM figure aujourd’hui parmi les meilleures au monde grâce à l’excellence de sa recherche, de sa formation et de son engagement envers la société québécoise.
Qui sommes-nous aujourd’hui ? Que ferons-nous demain ? Voilà le genre de questions qu’il est légitime de se poser après 180 ans d’existence. Je propose d’y répondre en faisant un détour par l’histoire, de la création de la toute première école de médecine francophone à Montréal, au milieu du XIXe siècle, jusqu’à notre actuelle Faculté qui forme le tiers des médecins et la moitié de tous les professionnels et professionnelles de la santé au Québec, dans un environnement créatif, novateur et humain.
C’est dire à quel point nous contribuons à la santé et au développement de la population québécoise, depuis bientôt deux siècles !
L’aventure commence en 1843, avec la fondation de l’École de médecine et de chirurgie de Montréal où seront formés les premiers médecins francophones dans la métropole. Avec l’accord des sœurs de l’hôpital Hôtel-Dieu de Montréal, les étudiants sont autorisés à accompagner leurs professeurs à des fins d’enseignement. C’est le début d’une longue affiliation qui s’est poursuivie jusqu’à tout récemment.
En 1878, l’Université Laval s’installe en ville avec l’ouverture d’une succursale montréalaise comptant trois facultés, dont une de médecine affiliée à l’Hôpital Notre-Dame. Son but : intégrer l’École déjà en place… laquelle refuse net!
Il faudra attendre jusqu’en 1920 pour que les deux entités – l’École de médecine et de chirurgie de Montréal et la Faculté de médecine de la succursale de l’Université Laval à Montréal – fusionnent sous la bannière de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. Celle-ci devient ainsi l’une des trois facultés fondatrices de notre université, avec celles de droit et de théologie.
Visionnaire, la Faculté intègre graduellement les sciences de la santé – nutrition, ergothérapie, physiothérapie, orthophonie-audiologie et kinésiologie et sciences de l’activité physique – à partir du milieu du XXe siècle, ce qui lui permet de développer un enseignement interdisciplinaire et un concept de soins qui sont toujours d’actualité.
Voilà pour la genèse.
Au cours des décennies suivantes, la Faculté de médecine de l’UdeM va s’inspirer des traditions médicales de la Grande-Bretagne, de la France et des États-Unis, ce qui lui vaut son caractère unique. Sa triple mission d’excellence en enseignement, en recherche et en responsabilité sociale la hisse parmi les plus grandes facultés de médecine au monde, toutes langues confondues.
À la Faculté, la responsabilité sociale est une valeur fondamentale : elle se reflète dans toutes nos actions depuis deux décennies ─ formations, recherches et services ─ en réponse aux besoins complexes des communautés.
Précurseurs, nous avons ainsi montré la voie, en 2004, avec l’implantation de notre campus délocalisé en Mauricie pour contrer la pénurie de soignants en dehors des grands centres urbains. Le temps nous a donné raison : le nombre de médecins qui restent dans la région après y avoir terminé leurs études est en augmentation. Notre campus délocalisé a aussi permis de renforcer nos liens avec les communautés rurales, telles les Premières nations. À l’aube de sa 20e année, notre campus à Trois-Rivières continue d’inspirer les facultés d’ici et d’ailleurs.
Autres initiatives en responsabilité sociale : notre Bureau du patient partenaire qui a jeté les bases de l’engagement des patients dans la prise de décision; le Bureau de la responsabilité sociale qui veille à assurer un meilleur accès aux professions de la santé pour les minorités et les personnes de milieux défavorisés; ou encore nos partenariats avec les organismes communautaires. Nous avons aussi innové en pédagogie en remplaçant les cours magistraux traditionnels en amphithéâtre par un apprentissage par problèmes. Sous la direction de professeurs, de petits groupes analysent et résolvent des problèmes comme ils le feraient en situation réelle.
Déjà demain
Même si toutes ces réalisations nous rendent fiers, on ne s’assoit pas sur nos lauriers! Nous continuons d’être créatifs. À preuve, nos équipes travaillent très fort sur le renouveau de notre programme de médecine en misant sur des méthodes pédagogiques novatrices et des concepts émergents pour la pratique du futur, telles la santé climatique et l’intelligence artificielle. La bonification du volet humaniste, qui fait partie de notre ADN depuis des décennies, figure aussi parmi les principes directeurs de la refonte, comme vous pourrez le lire ce mois-ci. Le programme actualisé nous permettra du même coup d’augmenter de façon importante les admissions afin de répondre aux besoins grandissants de la population québécoise.
Enfin, un projet ambitieux de transformation et de modernisation de la recherche biomédicale sur le campus regroupe désormais nos forces vives en sciences fondamentales sous la bannière du Centre d’innovation biomédicale (CIB) dans le but de propulser la recherche vers de nouveaux sommets à l’Université de Montréal.
Que nous réserve l’avenir à la Faculté? Avec ses 150 programmes en sciences cliniques, fondamentales et de la santé au sein de ses 15 départements et 3 écoles, son vaste réseau composé de 11 centres et instituts de recherche, ses 14 établissements de santé affiliés, ses 20 cliniques universitaires de médecine de famille (CUMF), ses revenus de recherche annuels d’une valeur de plus de 200 M$ et sa communauté de plus de 7000 étudiantes et étudiants et 5000 membres du corps professoral, le futur s’annonce effervescent! D’autant que des chantiers ambitieux sont sur les rails, notamment, en santé de précision, en santé numérique et en prévention des pandémies.
Voilà ce qui nous définit aujourd’hui, et ce que nous ferons pour l’épanouissement de la relève, le bien-être de la collectivité et la santé de demain.
Patrick Cossette, doyen