Sandrine Geoffrion, nutritionniste et étudiante de maîtrise en nutrition, est lauréate dans la catégorie Texte écrit avec son projet «Mon travail, moi j’en mange».
La deuxième fois aura été la bonne pour Sandrine Geoffrion. L’étudiante de maîtrise en nutrition à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal figure parmi les personnes lauréates du 30e Concours de vulgarisation de la recherche de l’Acfas, qui invite les chercheurs et chercheuses à communiquer les résultats de leurs travaux de recherche à un public non spécialisé.
C’est son projet «Mon travail, moi j’en mange», où elle aborde les comportements alimentaires de ceux et celles qui travaillent dans les établissements de restauration rapide, qui lui a permis de remporter les honneurs dans la catégorie Texte écrit. Tentant sa chance pour une seconde fois, elle avoue que sa première participation à ce concours de l’Acfas lui a été d’une grande aide dans l’élaboration de son texte définitif. «En 2022, je n’avais pas gagné et maintenant, quand je me relis, je comprends pourquoi! plaisante-t-elle. Mais les commentaires que j’ai reçus à la suite de cette participation m’ont permis d’améliorer mon texte et de soumettre une version revue et corrigée cette année. C’était une belle leçon d’humilité et, au final, ç’a été payant.»
Aux premières loges
Le sujet choisi par Sandrine Geoffrion pour le concours n’est pas anodin. Se nourrir sur le pouce, avoir accès à une source quasi infinie de malbouffe à petit prix et travailler sous pression, elle connaît. Celle qui a été à l’emploi d’une chaîne de restauration rapide pendant un peu plus de 10 ans comprend la réalité des personnes visées par son mémoire de maîtrise.
Avec son étude, la nutritionniste souhaiterait sensibiliser non seulement les chercheurs et chercheuses à ce sujet qui est peu documenté au Québec, mais également toutes les personnes qui pourraient potentiellement exercer une influence concrète sur les habitudes alimentaires et la santé des travailleurs et travailleuses. «Tant que les environnements alimentaires ne changeront pas, la pression des changements comportementaux sera mise sur le dos des individus, ce qui n’est pas éthiquement souhaitable, explique-t-elle. Les instances gouvernementales et les employeurs du domaine de la restauration-minute sont donc les acteurs les plus importants à sensibiliser, selon moi.»
Consciente que ces changements peuvent constituer un travail de longue haleine, elle aimerait que les gens qui occupent ces emplois se déculpabilisent des choix alimentaires qu’ils font par manque d’options, de temps ou d’argent. «J’ai réalisé, dans mon étude, que de nombreux participants et participantes se blâmaient d’avoir certains comportements alimentaires, sans avoir conscience du rôle que joue l’environnement alimentaire dans ces décisions», dit-elle. Depuis qu’elle a quitté le milieu de la restauration rapide, elle réalise qu’il est beaucoup plus facile de faire des choix sains en n’étant plus confrontée quotidiennement à ce type de milieu. «Depuis le début de mes études au baccalauréat en nutrition, je portais un regard critique sur mon emploi en restauration rapide. D’avoir laissé ce travail pendant la rédaction de mon mémoire m’a permis de me détacher et d’avoir un regard plus objectif. J’ai aussi pu analyser mes propres comportements et me déculpabiliser. Je trouvais ça fascinant, et un peu triste également, de voir que je n’étais pas seule à avoir tel ou tel comportement alimentaire au travail. Parce que vous avez beau avoir les connaissances théoriques et les réflexions critiques, quand vous êtes dedans, c’est difficile de prendre du recul», avoue-t-elle.
L’importance de la vulgarisation
Dès ses débuts dans le domaine de la nutrition, Sandrine Geoffrion savait que la vulgarisation scientifique serait au cœur de ses priorités. Au cours de ses études, elle a participé à quelques concours, puis a suivi des cours et des ateliers de vulgarisation afin de mieux se préparer à relayer les résultats de ses recherches. Pour elle, la vulgarisation scientifique est non seulement le lien entre le grand public et le monde de la recherche, mais également un outil permettant de contrer la désinformation.
«La désinformation et les fausses nouvelles font une énorme compétition à la science, note-t-elle. Comme les gens sont confrontés à un flot constant d’informations et ont peu de temps pour s’informer, ils vont choisir de consommer le contenu qui est le plus intéressant. En nutrition, par exemple, il est beaucoup plus accrocheur de lire que le chou frisé peut guérir le cancer, même si c’est faux, que de se faire répéter qu’il faut avoir une alimentation variée et manger beaucoup de légumes!» L’étudiante considère ainsi que la vulgarisation scientifique permet aux chercheurs et chercheuses d’attirer l’attention de la population tout en restant scientifiquement pertinents.
Pour connaître les mentions Coups de cœur qui ont été décernées à des étudiants et étudiantes de l’UdeM :
[button]Lire la suite sur UdeMnouvelles[/button]