C’est officiel depuis le 14 mai dernier : la réouverture des écoles primaires du Grand Montréal n’aura lieu qu’en septembre. Avec l’été devant soi, comment bien préparer les enfants aux éducateurs masqués, à la distanciation, à la possibilité d’amis absents et d’enseignants différents, à l’interdiction du partage du matériel scolaire?
La docteure Marie-Joëlle Doré-Bergeron, pédiatre généraliste au CHU Sainte-Justine et professeure adjointe de clinique au Département de pédiatrie, propose quelques pistes pour outiller et rassurer les parents.
Informer, avant tout
Aux yeux de la docteure Doré-Bergeron, il est primordial de s’assurer que les enfants d’une même classe aient accès aux mêmes informations vérifiées. « Même si les groupes sont réduits disons à 15 élèves, si les enfants ont eu des instructions différentes de la part des parents, cela peut induire des comportements variés. Bien sûr, l’école elle-même partagera des consignes, mais si à la base on s’assurait que le message est le même, on fait un pas au sens où les inquiétudes seront aussi les mêmes. »
À cet effet, la pédiatre, qui est également mère de quatre enfants, serait prête à se porter volontaire pour aller dans les classes de ses enfants et uniformiser le message, en fonction du niveau cognitif de chacun. Elle propose de commencer par poser des questions à la classe pour savoir ce qu’ils connaissent du virus, puis de valider si les enfants ont des craintes et des appréhensions, pour ensuite corriger le tir si l’information semble erronée.
« Par exemple, si un enfant est persuadé que s’il attrape le virus, il va mourir, il faut mettre les pendules à l’heure : un très, très faible pourcentage d’enfants infectés développe des complications et le risque de mortalité est extrêmement faible. »
Apaiser l’anxiété
La docteure Doré-Bergeron mentionne également que les inquiétudes des parents déteignent énormément sur les enfants et que leurs comportements sont influencés par cette anxiété. Elle tient à rappeler que l’expérience à Ste-Justine, mais aussi à travers le monde, démontre que la population pédiatrique « évolue super, super bien ».
« J’ai croisé beaucoup d’enfants atteints du coronavirus à Ste-Justine, des bébés de deux semaines jusqu’à des adolescents de 18 ans et, globalement, la grande majorité allait bien. Les populations plus à risque sont les enfants vivant avec certaines conditions médicales, par exemple ceux qui présentent un déficit immunitaire sévère. Encore là, nous avons des enfants avec des pathologies chroniques ou ayant reçu de la chimiothérapie qui avaient la COVID-19 et ils se portaient très bien. »
Pour balancer le niveau d’anxiété des parents, la pédiatre ajoute que, pour l’instant, il semble que ce soit les adultes qui soient des vecteurs de contagion pour les enfants. L’inverse n’est bien sûr pas impossible, seulement moins fréquent.
La question du masque
Pour le moment, le gouvernement ne recommande pas l’utilisation du masque pour les élèves lors du retour en classe. La docteure Doré-Bergeron considère que, selon l’âge, le port du masque n’est pas une bonne idée pour certains. « Un masque ne peut pas être porté par quelqu’un qui est incapable de le retirer lui-même. On peut penser à des enfants avec des déficits moteurs ou des troubles cognitifs importants. »
Même si les élèves ne porteront pas de masques, les éducateurs et le personnel en auront possiblement. La pédiatre suggère donc de familiariser les enfants à ces nouveaux outils. « Cet été, nous risquons d’en porter, mais si ce n’est pas le cas, j’introduirais le port du masque dans le quotidien de l’enfant à la maison. Si le masque sur autrui génère de la peur, il est alors possible d’apprivoiser le masque en le décorant ou en le mettant à une poupée ou une peluche que l’enfant aime. »
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La docteure Marie-Joëlle Doré-Bergeron propose quelques ressources en ligne pour outiller les parents et renseigner les enfants :
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Rédaction : Béatrice St-Cyr-Leroux