« Seul on ne peut pas tout faire, mais ensemble, quand on brasse les idées, des projets novateurs naissent. »
Voici comment Christian Baron, vice-doyen à la recherche et au développement de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, décrit les collaborations interfacultaires en recherche, où le travail à l’unisson ouvre des avenues inégalées.
Incursion dans l’univers des recherches collaboratives de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal.
Une synergie scientifique positive
Christian Baron, également professeur titulaire au Département de biochimie et médecine moléculaire de la Faculté de médecine, est lui-même un porte-étendard de la recherche interfacultaire.
Depuis plusieurs années, le chercheur travaille de pair avec Antonio Nanci, professeur titulaire au Département de stomatologie de la Faculté de médecine dentaire et directeur du Laboratoire de recherche sur les tissus calcifiés et les biomatériaux.
La recherche au laboratoire de Christian Baron dans le domaine des bactéries pathogènes bénéficie grandement de l’expertise de l’équipe d’Antonio Nanci en microscopie électronique. Grâce à cette technique qui permet la caractérisation et la visualisation d’échantillons de l’ordre du nanomètre, les deux chercheurs parviennent à analyser de façon détaillée la structure des bactéries et leurs facteurs de virulence.
« La collaboration avec M. Baron est un exemple de collaborations synergiques avec la Faculté de médecine qui s’étendent des bactéries aux cellules du système nerveux, indique Antonio Nanci. Comme nos deux facultés partagent des intérêts communs en biologie structurale, de telles collaborations permettent d’approfondir les connaissances sur différents modèles d’études, tels que les complexes protéiques et les bactéries. »
Pour Arlette Kolta, professeure titulaire au Département de stomatologie de la Faculté de médecine dentaire, les collaborations interfacultaires « stimulent la vie scientifique et renforcent le sentiment d’appartenance à une communauté scientifique forte ».
Travaillant au pavillon Paul-G.-Desmarais auprès de Richard Robitaille, professeur titulaire au Département de neurosciences de la Faculté de médecine, Arlette Kolta jouit d’un environnement stimulant et pertinent pour ses recherches sur le rôle des astrocytes et leur interaction avec les neurones.
« Être entouré de gens avec des intérêts semblables a aussi un côté pratique, surtout pour le partage des ressources et de l’équipement. C’est comme de savoir que son voisin a les mêmes goûts culinaires que soi : on sait qu’on pourra aller lui emprunter une bonne huile d’olive! »
Des percées issues de la collaboration
Aux yeux de Dominique Trudel, professeure adjointe de clinique au Département de pathologie et biologie cellulaire de la Faculté de médecine, l’union fait indéniablement la force.
Pathologiste-chercheuse, elle s’intéresse particulièrement à la détection du cancer de la prostate. Elle travaille de concert avec Frédéric Leblond, professeur agrégé au Département de génie physique de Polytechnique Montréal ayant développé une sonde pour la détection intraopératoire des cancers du cerveau. Conjointement, les deux chercheurs sont parvenus à détecter le cancer de la prostate sur des spécimens chirurgicaux avec une sensibilité et une spécificité de 87 et 86 %, respectivement.
Ils développent également un système de microscopie qui permet de caractériser le tissu et qui pourrait être utilisé pour complémenter les méthodes standards en histopathologie, particulièrement lorsque le diagnostic est complexe. Ainsi, en parvenant à caractériser la tumeur plus précisément, les chercheurs ont un rôle important dans la mise au point de traitements plus adaptés.
« Les avantages de ces recherches collaboratives sont immenses, en permettant d’accélérer le processus d’application des connaissances aux patients, explique Dominique Trudel. Ces collaborations permettent d’explorer des domaines qui sont innovants puisque des visions différentes d’un même problème convergent pour atteindre nos objectifs. »
Des impacts bénéfiques pour la population
Pour Nathalie Bier, la recherche intersectorielle est « la seule façon de faire ». Professeure agrégée à l’École de réadaptation de la Faculté de médecine, elle s’intéresse aux interventions non pharmacologiques pour le maintien et l’apprentissage des activités de la vie quotidienne des personnes âgées atteintes de troubles cognitifs sévères.
Elle travaille aux côtés de Sylvie Belleville, professeur titulaire au Département de psychologie de la Faculté des arts et des sciences, dont les recherches portent sur la caractérisation des troubles cognitifs dans le vieillissement normal et dans la démence de type Alzheimer.
Les deux chercheuses évaluent le vieillissement cognitif et son impact sur les activités de la vie quotidienne des personnes âgées.
« Notre collaboration permet de créer des projets et des solutions qui tiennent compte de tous les aspects de la vie des personnes âgées, précise Nathalie Bier. On met ainsi sur pied des programmes complets qui ont plus de chances d’être adoptés par les aînés et donc, d’être pérennes. »
Gerardo Ferbeyre, professeur titulaire au Département de biochimie et médecine moléculaire, abonde dans le même sens : le décloisonnement des facultés assure les retombées tangibles pour la population.
Ce dernier œuvre depuis quatre ans avec Andreea-Ruxandra Schmitzer, professeure titulaire au Département de chimie de la Faculté des arts et des sciences, pour développer de nouveaux usages d’antidiabétiques oraux (comme la metformine) pour traiter le cancer du pancréas. Ensemble, ils ont découvert des composés dérivés de la metformine qui ont une activité anticancéreuse mille fois plus puissante que cette dernière.
« Un projet de développement de médicaments a besoin d’une collaboration entre chimistes et chercheurs biomédicaux, mentionne Gerardo Ferbeyre. L’expertise en chimie permet la synthèse des nouvelles molécules et l’expertise en biomédecine permet d’identifier les problématiques et tester les composés. Ensemble, la chaîne est complète. »
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« La Faculté de médecine valorise fortement les échanges et le travail commun. Tant sur le campus que dans les centres de recherche affiliés », explique Christian Baron. C’est d’ailleurs dans une telle optique qu’a été pensé le Centre de recherche pour l’innovation biomédicale (CRIB).
Voyant le jour en 2022, le CRIB sera un centre de recherche interdisciplinaire et transfacultaire situé sur le campus. « Le CRIB s’inscrit parfaitement dans cette trajectoire où les chercheurs de divers horizons s’unissent pour développer de nouvelles idées », ajoute monsieur Baron.
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Rédaction : Béatrice St-Cyr-Leroux