Une méconnaissance des services offerts par le réseau québécois de la santé et des services sociaux, des soins mésadaptés pour des raisons culturelles ou linguistiques, une accessibilité réduite.
Telles sont les conclusions d’une vaste étude réalisée auprès de plus de 1 700 Autochtones vivant ou transitant en milieu urbain par le Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec (RCAAQ), au sujet des services publics en milieu autochtone.
En réaction à ces données, le RCAAQ et le Bureau de la responsabilité sociale de la Faculté de médecine ont tenu leur tout premier Forum citoyens sur l’accès des Autochtones aux professions de la santé, le 9 avril dernier à l’hôtel Delta de Trois-Rivières.
La Faculté de médecine de l’Université de Montréal s’est engagée à long terme à promouvoir la responsabilité sociale et la santé des Autochtones. « Répondre aux besoins des communautés, particulièrement celles qui sont vulnérables, fait partie du mandat de la faculté, a indiqué le Dr Ahmed Maherzi, directeur du Bureau de la responsabilité sociale de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. Les forums citoyens viennent consolider cet engagement à axer nos activités vers leurs préoccupations. »
Une initiative conjointe
Cet important projet partenarial avait ainsi pour but de réfléchir à la façon de favoriser l’accès des Autochtones à des professions en santé et de sensibiliser les acteurs de la formation aux réalités et à la culture autochtones, tout en plaçant la parole des Autochtones au cœur de la construction de sens.
« L’approche proposée répond aux valeurs de notre organisation soit la création de modèles et de solutions avec les personnes concernées sur le terrain, a expliqué madame Claudie Paul, directrice du développement stratégique du RCAAQ. La co-construction permet d’impliquer la population autochtone et d’ainsi reconnaître qu’ils sont les experts quand il est question de développer des solutions qui prennent en compte leurs réalités. »
Ensemble, les deux instances coorganisatrices se sont ainsi assurées que les activités de la journée soient prises en charge conjointement par les populations autochtones et allochtones, et que les participants (professionnels de la santé, représentants des universités, décideurs politiques, étudiants, citoyens) proviennent des deux communautés.
« Je suis extrêmement content de constater que le forum est le résultat d’une co-construction et non pas d’une co-négociation, a ajouté le docteur Samuel Blain, coordonnateur de l’axe santé autochtone du Bureau de la responsabilité sociale de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. En travaillant main dans la main avec les populations autochtones, on se place dans un rôle de soutien, plutôt que dans un rôle de prescripteur. »
Une rencontre enrichissante
La journée s’est déroulée en plusieurs étapes : vernissage d’affiches, témoignages de personnes autochtones, cercle de discussion et chantiers de travail.
Ainsi, les participants ont eu « plusieurs moments pour échanger, dans un cadre simple et ouvert, avec une gestion du temps souple, a commenté madame Paul. Cela a permis de vraies rencontres, tant formelles, qu’informelles. »
L’activité phare de l’événement aura été le cercle de parole, lors duquel des Autochtones ont partagé leurs expériences et leurs points de vue pendant que le reste des participants étaient placés dans un mode d’écoute et d’observation.
« L’activité a constitué un formidable déclencheur pour les échanges qui ont suivi et a donné le ton à la journée », a noté monsieur Tony Leroux, vice-doyen aux sciences de la santé de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal et membre du comité organisateur de l’événement.
La suite : la création d’un plan d’action
Un second forum se tiendra le 23 avril prochain, au Centre Sakihikan à La Tuque, toujours dans le but de « réfléchir ensemble sur les éléments qui freinent ou qui facilitent l’accès des Autochtones aux professions de la santé », a précisé le docteur Maherzi.
Par l’entremise de ces deux forums, le RCAAQ et la Faculté de médecine cherchent à jeter les bases d’un plan d’action concerté qui sera présenté aux participants des forums locaux dans le cadre d’un forum régional se tenant le 28 mai prochain à Trois-Rivières.
« La journée du 9 avril s’est terminée par une interpellation aux deux partenaires organisateurs pour que le grand forum régional du mois de mai permette de convenir d’un plan d’action clair, avec des échéanciers et des mécanismes de suivi, que les partenaires concernés s’engagent formellement à mettre en œuvre », a conclu madame Paul.