Dans la foulée du développement du Campus MIL (ou Complexe des sciences) dans Outremont, la Faculté de médecine mise sur un projet d’envergure : la création du Centre de recherche pour l’innovation biomédicale (CRIB) au campus principal.
À partir de l’automne 2019, de précieux espaces du pavillon Roger-Gaudry se libéreront en raison du déménagement des Départements de chimie et de physique vers le nouveau Campus MIL. Une opportunité unique de réaménagement des espaces qui aura été saisie par la Faculté de médecine et d’où naîtra le Centre de recherche pour l’innovation biomédicale (CRIB). Le CRIB incarne le désir de la faculté de valoriser la recherche à la découverte en plein cœur du campus. Ce projet mobilise les chercheurs et l’équipe de direction de la Faculté de médecine.
« La recherche au CRIB se développera en parfait accord avec la recherche appliquée et translationnelle réalisée dans les centres de recherche du réseau hospitalier universitaire, précise la docteure Hélène Boisjoly, doyenne de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. Avec ce centre, nous consolidons l’avenir de la recherche à la découverte qui est le fondement des applications en médecine. »
Concrètement, le CRIB c’est quoi?
Regroupant 60 équipes de chercheurs et jusqu’à 200 étudiants et personnels de laboratoire, le CRIB sera un centre de recherche interdisciplinaire et trans-facultaire situé sur le campus aux pavillons Roger-Gaudry et Paul-G.-Desmarais. Le but : créer des espaces performants, partager les ressources et moderniser les équipements afin de faciliter les interactions scientifiques et créer de nouvelles synergies entre les différents acteurs.
« Parmi les projets d’envergure mis de l’avant par la Faculté de médecine, celui de la création du CRIB et du regroupement spatial des forces en recherche à la découverte biomédicale sur le campus occupe une place prioritaire, indique Christian Baron, vice-doyen à la recherche et au développement de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. »
De la recherche à la découverte avant tout
Le CRIB axera ses activités sur la recherche à la découverte, puisque « cette recherche de nature fondamentale est à l’origine des innovations dont bénéficie la population », explique Pierre Belhumeur, vice-doyen aux sciences fondamentales de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal.
Regroupés selon leurs intérêts scientifiques et leurs besoins en services, les chercheurs seront répartis en cinq axes : la bactériologie et l’immunologie, la bio-informatique, la biologie cellulaire et moléculaire, la biologie structurale et biophysique, ainsi que les neurosciences.
Par exemple, pour ne nommer que quelques-uns des chercheurs étoiles du CRIB, Yves Brun se penchera sur les cibles nécessaires à la création de nouveaux antibiotiques, Adrian Serohijos sur le microbiote et la résistance aux antibiotiques, Anne-Noël Samaha sur les mécanismes moléculaires de la dépendance, Richard Robitaille sur la sclérose latérale amyotrophique (SLA), Pascal Chartrand sur la localisation subcellulaire des ARNm dans les maladies neuromusculaires et Pascale Legault sur les structures des cibles thérapeutiques.
Ces études sont à la base des recherches menant à des retombées tangibles sur la santé de la population : création de nouveaux antibiotiques, amélioration de l’efficacité des médicaments et du diagnostic de maladies, et recul du vieillissement.
L’intelligence artificielle au service de la santé
En recherche, les approches de l’intelligence artificielle basées sur l’exploration des données massives (big data) permettent l’identification d’informations inaccessibles par l’entremise des approches plus traditionnelles. L’inclusion au CRIB de chercheurs en bio-informatique facilitera l’intégration du big data et de l’intelligence artificielle dans la recherche à la découverte en médecine.
« Dans la recherche en santé, l’utilisation de l’intelligence artificielle pour le traitement des données permet de développer de meilleurs diagnostics de maladies et des traitements plus ciblés et efficaces », explique Adrian Serohijos, chercheur associé au CRIB.
Les applications de l’intelligence artificielle pour l’analyse des données massives donneront ainsi une signature unique au nouveau centre qui s’inscrit pleinement dans les priorités de l’Université de Montréal en matière de science des données.
Une réorganisation tant conceptuelle que spatiale
Afin de mettre sur pied ce centre à la fine pointe de la technologie, l’Université de Montréal et sa Faculté de médecine entreprennent de grands travaux. Deux étages de l’aile est du pavillon Roger-Gaudry seront complètement revus afin d’y installer des laboratoires à aires ouvertes et des espaces collaboratifs, où les chercheurs, les personnels et les étudiants pourront mieux échanger.
Rappelons que le pavillon Roger-Gaudry est un édifice historique construit dans les années 30 selon une architecture longitudinale. C’est là que réside le plus grand défi : réussir à créer de vastes aires ouvertes dans des espaces actuellement conçus sur la longueur.
Si les enjeux de structure et de technologie sont évidents, le docteur Pierre Bourgouin, vice-doyen exécutif, aux sciences cliniques et au réseau de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, assure que « la faculté et l’Université de Montréal sont parfaitement outillées pour mener à bien ce projet ». Pour y parvenir, la direction s’entoure d’experts en génie et en architecture, en plus de s’inspirer des récents projets de réaménagement du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) et du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine.
« Il s’agit à la fois d’une modernisation des espaces et d’une transformation de nos laboratoires avec la création d’un milieu interactif, ajoute le docteur Pierre Bourgouin. Nous allons développer des expertises uniques accessibles à l’ensemble du réseau de l’Université de Montréal. »
Un réel catalyseur de la recherche
Devant voir le jour en 2022, le CRIB se veut « porteur de découvertes scientifiques aux retombées majeures pour la population », comme le mentionne Christian Baron.
L’Université de Montréal et sa Faculté de médecine occupent déjà un rôle de premier plan en recherche au Canada. La mise en place du CRIB consolidera sa position de tête en recherche biomédicale, en participant activement aux avancées en santé.
« Cette concentration des savoirs, des plateformes et des expertises de recherche offre une chance unique à la faculté et à l’université de se tailler une place de leader en matière de recherche à la découverte en formant ce pôle d’excellence à la frontière de la santé et des approches de données massives. »
– La docteure Hélène Boisjoly
Le Centre de recherche pour l’innovation biomédicale (CRIB) est un projet nécessitant des investissements de 32 M$, financé par l’Université de Montréal et des dons philanthropiques.
La faculté a récemment reçu son premier don majeur, d’une somme de 2 M$, dont la totalité sera investie dans le pôle de recherche sur le microbiote humain. « La donatrice souhaitait donner à un fonds qui aiderait à soigner plusieurs maladies, souligne Caroline Apollon, directrice au développement de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. Cette association s’est donc imposée d’elle-même, comme la recherche sur le microbiote contribue à la compréhension et, ultimement, au traitement de nombreux problèmes de santé. »