Les membres de la Faculté de médecine sont présents partout dans le monde. La Dre Colette Azandjeme, diplômée de la Faculté de médecine et chercheure associée externe du laboratoire TRANSNUT du Département de nutrition qui représente bien comment le savoir faire facultaire peut s’exporter et être utile dans les pays en voie de développement. Spécialisée dans les questions touchant le diabète, cette derrière s’est vue octroyer une importante subvention de la part de la World Diabetes Foundation pour un projet qu’elle dirigera au Bénin. La faculté lui a posé quelques questions au sujet de ce projet novateur dans la région :
En quoi consiste le projet de prévention du diabète que vous dirigez au Bénin?
« Il s’agit d’un projet de quatre ans qui porte sur la prévention primaire du diabète et qui cible 1 500 sujets à risque moyen ou élevé (score de risque >12). Les stratégies de l’intervention sont : l’éducation nutritionnelle axée sur la diète équilibrée, l’activité physique modérée à intense basée sur les jeux locaux, la promotion des potagers familiaux et la promotion de l’autogestion de la santé par l’organisation des sujets à risque en groupes de soutien ainsi que le renforcement des compétences du personnel de santé en counseling et thérapie nutritionnels pour la gestion du diabète ou du prédiabète.»
Pourquoi la lutte contre le diabète au Bénin est-elle importante?
« La lutte contre le diabète au Bénin est importante en raison de l’évolution croissante de la prévalence dans un contexte de pauvreté où le plateau technique et les ressources sont déficients pour une prise en charge efficace des personnes malades. De plus, le coût du traitement est élevé et repose essentiellement sur les ménages » (au Bénin, 52 % des coûts en santé sont payés par les ménages).
Comment l’idée du projet est-elle née?
« L’idée du projet est née lors de mes études doctorales à l’UdeM de 2009 à 2014. Elle a fait suite au constat que le département du Borgou présente les prévalences les plus élevées de diabète par rapport aux autres départements du pays tel que l’ont révélé les enquêtes nationales en 2001 et en 2008. Une étude de prévalence faite en 2011 ainsi que la recherche des déterminants révèle une prévalence élevée tant du diabète, du prédiabète, que des facteurs de risque du diabète. De plus, la disponibilité et la consommation de fruits et légumes sont faibles, l’activité physique en dehors de la profession est réduite et les habitudes alimentaires sont orientées vers une alimentation dense en énergie.
Dans ce département, la commune de Tchaourou est l’une de celles qui présentent les prévalences élevées de diabète et de prédiabète. Bien que ma thèse ait montré que des facteurs environnementaux comme l’exposition aux pesticides organochlorés sont associés à une plus grande probabilité de diabète, les facteurs de risque traditionnels contribuent plus fortement au développement du diabète. Des interventions efficaces telles la diète équilibrée, l’activité physique, la consommation suffisante de fruits et légumes dans un contexte de motivation favorisent la réduction du poids et ralentissent le développement du diabète. Il nous a donc paru pertinent d’initier un projet de promotion de la santé axée sur la prévention primaire du diabète et qui permet de réduire le risque de diabète dans cette région. »
Quelle est votre implication personnelle, celle du Département de nutrition de l’UdeM et celle de l’Institut Régional de Santé Publique Alfred Comlan Quenum (IRSP)?
« Ce projet est mon initiative personnelle sous l’incitation positive et l’implication personnelle de Dre Hélène Delisle, professeure associée au Département de Nutrition de la Faculté de médecine de l’UdeM (ma directrice de thèse) depuis la conception du projet jusqu’à la soumission de ce projet. J’ai aussi eu le soutien de ma superviseure au Bénin, Dre Victoire Agueh, chef du Département de promotion de la santé de l’IRSP et celle de toute l’équipe dirigeante de l’institution notamment celle du directeur Michel Makoutode. Ce projet a également reçu le soutien technique et l’appui financier du Département de nutrition, notamment la contribution de Dre Irene Strychar lors de sa conception et celle de l’actuel directeur de Transnut, Dr Malek Batal. Transnut apporte également un appui financier.
Mon institution d’appartenance actuelle, l’Institut Régional de Santé Publique (IRSP) Alfred Comlan Quenum, a reçu avec beaucoup d’enthousiasme l’idée de ce projet de promotion de la santé qui est entièrement en accord avec sa mission et y apporte un appui financier. Le projet est donc le fruit du partenariat entre ces principales institutions que sont l’UdeM, représentée par Transnut, le Département de nutrition, l’IRSP et la commune de Tchaourou. »
Comment envisagez-vous la suite du projet?
« La suite du projet est envisagée sous forme d’extension à d’autres communes et régions du pays où la prévalence du prédiabète et celle des facteurs de risque du diabète sont aussi élevés. La réplication du projet à d’autres régions se fera avec l’appui du ministère de la santé béninois qui s’y implique depuis le début dans l’optique de consolider les capacités du système de santé d’intervenir dans ce domaine. »